L’eau potable

L’eau recouvre 71% de la surface de la Terre, dont moins de 3% du volume disponible est de l’eau douce et potentiellement consommable1. Sous nos latitudes il suffit d’ouvrir le robinet pour y avoir accès. L’eau y suit un cycle infini, d’eau potable à eau usée, nettoyée afin de redevenir buvable.

Elle est classée en 3 catégories :

  • L’eau blanche, potable
  • L’eau grise, eau usagée domestique (vaisselle, douche, machine à laver…)
  • L’eau noire, eau usagée souillée et toxique (matières fécales humaines, produits toxiques)

L’eau grise, initialement exploitable pour arroser notre jardin est composée d’éléments biologiques (peaux mortes, résidus alimentaires…) et d’agents lavants. Or, la chimie industrielle de synthèse à base de dérivés pétroliers ayant envahi tous nos produits d’usage courant (détergents, désinfectants, insecticides, maquillages, médicaments…), après utilisation domestique, l’eau potable transformée en « eau noire » est réinjectée dans le réseau pour y être nettoyée.

utopylogie cycle de l'eau potable du domicile à la station d'épuration jusque dans les rivières et nappes phréatiques dans lesquelles l'eau est pompée pour aller en station de production

L’eau usée est acheminée par des canalisations souterraines. Leur entretien s’est complexifié ces dernières années avec l’apparition des lingettes pré-imprégnées en matière synthétique. Le Syndicat Intercommunal d’Aménagement, de Rivières et du Cycle de l’Eau estime à 161 millions d’euros2 le surcoût annuel (répercuté sur le prix de l’eau) lié au débouchage des déchets solides. Jetés dans les toilettes, ils se gonflent au contact de l’eau et obstruent les canalisations. Il en est de même pour l’huile de friture et la vinaigrette qui se figent à son contact3.

Le traitement des eaux usées se fait en station d’épuration. On en compte plus de 20 0004 sur le territoire Français. 31% des services sont délégués à des entreprises privées comme Veolia, Suez et Saur, approvisionnant 60% de la population5.

utopylogie description des procédés de nettoyage de l'eau en station d'épuration : procédé biologique et procédé physicochimique

En station, l’eau passe dans différents bassins selon deux méthodes répandues :

  • Le procédé biologique est le plus fréquent. Après dessablage, dégrillage et déshuilage, éliminant les déchets visibles à l’œil nu, l’eau est dirigée dans un bassin de bactéries et micro-organismes décomposant tous les déchets biologiques.
  • Le traitement physico (décantation, flottaison, brassage) chimique (ajout de composés tel que le chlorure ferrique ou le sulfate d’aluminium) est privilégié pour les régions touristiques avec des pics de consommation annuelle. En effet, il est plus difficile de les réguler avec des micro-organismes vivants.

Une dernière étape complémentaire est réalisée afin de neutraliser les micropolluants, ces substances infimes majoritairement issues de la pétrochimie de synthèse et des minéraux (métaux lourds, perturbateurs endocriniens, traces de médicaments6…). La technique de l’ozonation7, très efficace, opère avec un surcoût économique de 25 % lié à sa consommation électrique et répercuté sur la facture du consommateur. Ce procédé est donc privilégié lorsque l’eau est réinjectée dans un milieu naturel particulière sensible. Pour la majorité des installations, la stérilisation se fait par chloration, nanofiltration ou charbon actif.

Ainsi, malgré les réels progrès des stations d’épuration, certains résidus ne sont que partiellement éliminés de l’eau rejetée qui se retrouve dans les rivières et nappes souterraines alimentant le réseau en eau potable. À l’échelle Européenne, 110 0008 molécules ont été retrouvées dans l’eau. Pour exemple, en 2008, 23 substances pharmaceutiques synthétiques à usage humain9, issues de différentes classes thérapeutiques (anti-inflammatoires, hypolipémiants, antipsychotiques, antibiotiques, antiseptiques…), ont été découvertes par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. Le carbamazépine, de la famille des antidépresseurs, est le plus présent : 6,5 micro gramme dans les effluents de stations d’épuration et 1,10 dans les rivières.

Ces substances ont un impact avéré, même à faible dose, sur les écosystèmes aquatiques10 : changement de sexe, baisse de la fertilité, disparition de 40% des macro-invertébrés (insectes, mollusques, vers et crustacés)… Si pour les métaux, c’est la dose qui fait le poison, c’est à dire plus on en ingère, plus c’est toxique, selon l’Inserm11 (établissement Français public scientifique et technologique dédié à la recherche biologique, médicale et à la santé humaine, créé en 1964) ce n’est pas le cas pour les perturbateurs endocriniens qui interfèrent avec nos hormones même à faible dose (soit en les empêchant d’agir, soit en s’y substituant). De plus, il y a le risque d’effet cocktail, c’est-à-dire l’interaction de toutes ces molécules entre elles, inoffensives séparément.

utopylogie cycle actuel d'épuration de l'eau potable et pollution du cycle par les micropolluants

Les stations d’épuration produisent également des déchets : les boues d’épuration12. Elles sont composées d’eau, de sels minéraux (azote, phosphore), de matière organique et évidemment, de micropolluants. 10 millions de tonnes de matières fraîches13 sont produites chaque année, soit 3 litres par jour et par Français12. Les collectivités sont responsables de leur production, leur transport et leur valorisation.

  • 18% des boues d’épuration sont incinérées et les imbrûlés sont évacués en installation de stockage de déchets non dangereux. Financièrement pénalisée14, elle est pour le moment la solution en apparence la plus simple pour les communes car elle fait disparaître les déchets comme par enchantement dans les usines d’incinération des ordures ménagères.
  • 22% des boues d’épuration de très bonne qualité, c’est-à-dire non polluées, sont transformées en compost commercialisable, suivant des normes strictes.
  • 60%13 des boues d’épuration sont épandues pour fertiliser 2 % des sols agricoles et améliorer leurs qualités physiques et chimiques. Elles sont traitées afin de limiter le risque biologique et réduire leur quantité. Toutefois leur toxicité leur confère le statut de déchet à l’échelle européenne (directive du 12 juin 1986) comme au niveau national (article R. 211-25 du code de l’environnement). Ainsi l’épandage est soumis à analyse par prélèvement du sol avant et après, des distances d’exclusion, des délais de réalisation (1 fois tous les 10 ans), des périodes de l’année… Et est interdit en agriculture biologique et Label Rouge.

L’Ademe13, dans son rapport de conclusion sur la veille sanitaire menée en partenariat avec le Centre Nationale d’Informations Toxicologiques Vétérinaires de 2014 à 2017, admet l’intérêt nutritif de ces boues, toutefois contrebalancé par leur toxicité. Même si le risque sanitaire est faible sur les élevages pâturant dans les champs amendés, il n’est pas inexistant.

Pareillement, en 2013, l’Ademe (nouvellement Agence de la Transition Écologique), le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), la FP2E (Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau), l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques), le SIAAP (Syndicat Interdépartemental d’Assainissement de l’Agglomération Parisienne) et le SYPREA (Syndicat des Professionnels du Recyclage en Agriculture) dont font partie entre autres entreprises Saur et Suez Environnement, évaluaient les risques sanitaires liés au retour au sol et recensaient 1581 substances, dont 114 avec un fort risque de contamination de la chaine alimentaire, sauf dans le cas du respect de la dose d’épandage habituellement pratiquée et en l’état des connaissances scientifiques actuelles excluant par exemple l’analyse de l’effet cocktail15.

Alors que l’industrie agricole fertilise ses plantations à grands renforts d’engrais phosphatés et azotés afin de maintenir sous perfusion 45 % des sols européens épuisés16, l’amendement17 est pourtant l’une des solutions les plus efficaces pour fertiliser et améliorer la texture, la structure et la nutrition du sol, qui se chargera d’alimenter directement la plante. De plus, l’extraction et la préparation18 de 18 millions de tonnes chaque année19 de roche phosphatée, très présente au Maroc, est très polluante (émissions de carbone, métaux lourds et déchets radioactifs comme l’uranium et le thorium, acide sulfurique). Le pic de production devrait être attend en 2030.

cycle idéal d'épuration de l'eau potable grâce à l'utilisation de produits écologiques et biologiques

C’est pourquoi, suite au plan micropolluant 2010-201320, le Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer a mis en place une seconde étape, échelonnée de 2016 à 20218, dans le but de réduire en amont la contamination de l’eau et ainsi lutter contre les coûts sanitaires, environnementaux et économiques précédemment décrits. Pour cela, il accompagne des entreprises dans le traitement de leurs eaux usées et travaille à la sensibilisation du plus grand nombre à la pollution des eaux par les articles de consommation courante.

Concrètement, cela signifie que les produits utilisés au quotidien polluent l’eau (potable, rivières, nappes phréatiques) et les boues d’épuration :

  • Produits ménagers : détergents, détartrants, nettoyants et désinfectant (sol, vitres, éléments cuisine et salle de bain, liquide et tablette vaisselle, lessive, assouplissant…)
  • Produits de beauté : soins visage et corps, savon, shampoing, maquillage, crème solaire, dissolvants…
  • Produits d’entretien : désodorisant, insecticide, peinture, vernis, colles…
  • Médicaments

Ainsi, afin d’inscrire notre consommation dans le cycle vertueux de l’eau potable, il est important d’oublier toute la pétrochimie de synthèse et de prioriser les produits biologiques labellisés (Écocert, Écolabel Européen…), garantissant une composition à 95% d’ingrédients d’origine naturelle21, qui pourront être entièrement éliminés en station d’épuration par les micro-organismes vivants. De cette manière, l’eau et les boues d’épuration réinjectées dans le milieu naturel seront bénéficiaires.

flacons d'huiles essentielles de la marque Florame
Florame

Huiles essentielles à utiliser de manière raisonnée pour se soigner, désinfecter, désodoriser…

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Des produits ménagers biologiques labellisés

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[1] L’eau de la Terre : origine et répartition, site web conçu par L’Agence de l’eau Seine-Normandie, établissement public du ministère de l’écologie, et les équipes de l’Expédition « 7e Continent » qui mènent des études sur les pollutions des océans

[2] Canalisations bouchées. Les lingettes désinfectantes : c’est pas dans les toilettes qu’on les jette, Actu, 2020

[3] La baraque à huile, regroupement d’entreprises privées de la collecte d’huiles alimentaires usagées, Les effets négatifs de l’huile de friture sur les réseaux, 2017

[4] Page Wikipédia, Épuration des eaux

[5] Le service public local de l’eau potable et de l’assainissement, Vie publique, au cœur du débat public, 2019

[6] Produits pharmaceutiques dans l’eau potable, Organisation Mondiale de la Santé, 2012

[7] Présentation de l’usine de traitement des eaux usées Sophia Antipolis en France, sur le site de l’entreprise Suez

[8] Téléchargement de la plaquette de présentation du Plan Micropolluants 2016-2021 élaborée par le Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer

[9] Téléchargement du rapport public Les substances pharmaceutiques dans les eaux superficielles et souterraines du bassin Loire-Bretagne, BRGM Service Géologique National, 2008

[10] Impacts des micropolluants sur la biodiversité aquatique, Office Français de la Biodiversité

[11] Perturbateurs endocriniens, Un enjeu d’envergure de la recherche, Inserm, 2018

[12] Gestion des boues urbaines, Agence l’eau Rhône Méditerranée Corse

[13] Téléchargement du rapport de la Cellule de veille sanitaire vétérinaire des épandages de boues de stations d’épurations, 2017

[14] Guide des boues d’épuration, Association des Maires de France, 2007

[15] Téléchargement du rapport sur l’impact sur la santé du retour au sol des boues d’épuration, l’ADEME, le CNRS, la FP2E, l’INERIS, le SIAAP et le SYPREA, depuis le site internet Sede Veolia

[16] La dégradation des sols en France et dans le monde, une catastrophe écologique ignorée, Planet Vie, ressources en sciences de la vie pour les enseignants, 2020

[17] Dossier thématique : la fertilisation, Réseau Fermes d’avenir

[18] Engrais phosphatés, L’Élémentarium par France Chimie et la Société Chimique de France

[19] Les plantes affamées par le déclin du phosphate dans les sols, Futura Sciences, 2020

[20] Téléchargement de la synthèse du projet de recherche ARMISTIQ : Quelle est l’efficacité d’élimination des micropolluants en stations de traitement des eaux usées domestiques ?, 2014

[21] Présentation de la certification des produits de nettoyage écologiques, Label Écorcert


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